« Nous utilisons l’irrigation au goutte-à-goutte pour les pommes de terre »
Depuis quatre ans, l’exploitation Terres de la Borde irrigue une partie des pommes de terre par ce système d’irrigation de précision.
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Créé en 2003, Terres de la Borde résulte de la mise en commun de quatre exploitations, à Raray, dans l’Oise. On y cultive des betteraves sucrières, du blé tendre, de l’escourgeon grain, du maïs grain, du colza, des oignons et surtout de la pomme de terre à chair ferme (ratte du Touquet, pompadour).
Pour en assurer la qualité, l’ensemble des parcelles de pommes de terre et d’oignons sont irriguées. La ferme a d’abord été équipée de rampes avec enrouleurs, puis se sont ajoutées des rampes frontales. « Olivier Pilat, le chef d’exploitation, a compris l’intérêt d’une bonne pluie régulière, ce que ne permettent pas les canons », retrace Alexis Benard, chef de cultures. Depuis quatre ans, ces systèmes d’irrigation sont complétés par du goutte-à-goutte, de la société Netafim. Testé dans un premier temps sur 10 ha, il est, cette année, installé sur 23 ha de pommes de terre, et à l’essai sur 2 ha d’oignons, et prendra certainement plus d’ampleur dans les années à venir.
Meilleure efficience
« En n’arrosant que la butte, l’irrigation au goutte-à-goutte assure une meilleure efficience de l’eau, et diminue la pression des maladies car les feuilles restent sèches, résume Alexis Benard. Elle n’est pas soumise aux restrictions qui, l’an dernier par exemple, n’autorisaient pas l’arrosage entre 8h00 et 18h00. L’eau s’évapore en effet très peu, et n’est pas sensible au vent. »
Sur les cinq semaines que dure leur cycle, les pommes de terre reçoivent en moyenne 100 mm. Avec le goutte-à-goutte, les apports sont plus réguliers : la pomme de terre bénéficie de 3 à 5 mm tous les jours. « Tandis qu’avec une rampe, on applique 20 mm d’un coup », ajoute Alexis Benard. L’humidité dans la butte est suivie par une sonde, et la plante ne stresse jamais.
Le recours à trois systèmes d’irrigation sur l’exploitation permet de mieux répartir le travail. « Avec le goutte-à-goutte, il y a une importante pointe de travail à la pose et à la dépose. Le besoin de main-d’œuvre à ces deux moments de l’année, qui sont par ailleurs chargés, reste un point noir. Mais entre les deux, tout est automatisé », indique le chef de cultures. L’installation des gaines, tuyaux percés tous les 40 cm, est réalisée après le passage de la planteuse. Dans l’idéal, celles-ci sont installées à 2 ou 3 cm dans la butte, afin de la protéger de la faune (lièvres, sangliers…). Cela n’a cependant pas été possible cette année. « Il s’est mis à pleuvoir juste après la plantation. Quand on a enfin trouvé un créneau, la pluie avait rendu les buttes trop dures », explique Alexis Benard.
La mécanisation, un frein
L’installation prend 2,5 jours pour une vingtaine d’hectares (de 10 à 12 ha par jour) et mobilise cinq personnes. La dépose nécessite, quant à elle, plutôt trois jours. L’enlèvement des gaines est plus délicat, car celles-ci seront réutilisées l’année suivante. « On est au balbutiement de la technique. La mécanisation de la récupération des gaines est un frein, il faudrait gagner de la vitesse opérationnelle », estime Alexis Benard, qui attend des constructeurs qu’ils « se penchent sur la question ».
Autre intérêt du système : la possibilité de faire de la ferti-irrigation. Si les deux premiers tiers des volumes d’engrais sont apportés en plein champ, le dernier tiers passe par le goutte-à-goutte. Celui-ci est mieux valorisé par les plantes, et le lessivage est limité. Il est également possible de le moduler. « Techniquement, il serait compliqué de ne faire que de la ferti-irrigation, car on apporte de gros volumes (de 150 à 200 unités d’azote par hectare) sur une courte période », justifie Alexis Benard. Les apports d’oligoéléments (magnésium, bore, zinc, calcium) sont également effectués avec le goutte-à-goutte.
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